LA DESTUCTION DU TEMPLE - HORBAN BETH HAMIKDACH - histoires
- Or Torah | LDEJ
- 1 août
- 14 min de lecture
La Mitsva et son histoires 2
Histoires du temps de la destruction du Beith Hamikdach et leurs enseignements
Trois histoires significatives viennent illustrer les événements de la destruction avec leurs messages :
Kamsa et Bar Kamsa
Rabbi Elazar conclut cette malheureuse et terrible histoire en disant : « Voyez combien est grand le pouvoir de la honte, car HKBH a assisté Bar Kamsa et a détruit Sa maison et brûlé Son sanctuaire ».
L'histoire raconte qu'un homme avait un ami nommé Kamsa et un ennemi nommé Bar Kamsa. Organisant un repas, il envoya un messager inviter Kamsa, mais l'émissaire invita Bar Kamsa par erreur. Quand l'hôte vit Bar Kamsa arriver au repas, il lui demanda : « Que fais-tu ici ? » Bar Kamsa répondit : « Tu m'as invité ! Je pensais que tu voulais faire la paix. » L'hôte rétorqua : « Certainement pas ! Lève-toi et sors ! »
Bar Kamsa le supplia : « Ne me fais pas honte, je paierai ma part. » Mais l'hôte refusa catégoriquement, tant sa haine était forte. Bar Kamsa insista : « Je paierai la moitié des frais du traiteur ! » Extraordinaire proposition, mais l'hôte refusa encore. En désespoir de cause, Bar Kamsa proposa : « Je paierai l’intégralité du repas ! » Mais l'hôte refusa toujours et le fit sortir devant tous les invités.
Bar Kamsa se dit alors : « Si les Sages qui ont vu ce qu'il m'a fait n'ont rien dit, c'est qu'ils étaient d'accord. » Il décida donc d'aller trouver le roi et lui dit : « Les Juifs se sont révoltés contre toi. » Le roi demanda : « Qui te le dit ? » Bar Kamsa répondit : « Envoie un sacrifice au Temple et tu le constateras par toi-même, les non-juifs peuvent également offrir des sacrifices. »
Bar Kamsa blessa intentionnellement l'animal préposé au sacrifice, d'une manière qui le disqualifie comme sacrifice juif mais pas comme offrande romaine. Quand l'animal arriva au Beth Hamikdach, les Sages ne savaient que faire. Ils dirent : « Sacrifions-le. » Mais Rabbi Zeharia ben Avkoulas objecta : « Les gens en concluront que l'on peut offrir un sacrifice porteur d’un défaut. » Ils proposèrent alors : « Ne le sacrifions pas, mais tuons Bar Kamsa pour l'empêcher de retourner chez le roi. » Rabbi Zeharia s'y opposa : « Les gens diront que l'on tue celui qui amène un tel sacrifice ! »
Finalement, ils renoncèrent à agir. Bar Kamsa retourna chez le roi porteur de ses accusations contre les juifs. Le roi conclut : « Les juifs ont commis un affront envers moi, ils se sont révoltés, j'enverrai détruire Jérusalem. »
Cette histoire nous enseigne deux leçons majeures : Si Hachem permit à Bar Kamsa de provoquer la destruction du Temple, c'est pour montrer combien Son courroux peut s’enflammer suite à une humiliation et combien il est grave de faire honte à son prochain — et combien était préjudiciable également le fait que les Sages n'aient pas réagi. D’autre part, Rabbi Yohanan dit : « L'humilité excessive de Rabbi Zeharia ben Avkoulas a détruit notre Beith Hamikdach, brûlé notre Sanctuaire, et nous a exilés de notre terre »
Le Messilat Yecharim enseigne que l’homme pieux doit parfois savoir évaluer les évènements en fonction de la situation. Rabbi Zeharia ben Avkoulas n'a pas suffisamment mesuré et réfléchi aux conséquences de ses objections. Ce mauvais calcul a mené à la destruction du Temple. C'est pourquoi la Guémara commence par : « Heureux l'homme qui craint toujours. » Rachi explique : « Heureux celui qui fait attention et, avant d'agir, mesure les conséquences de ses actes. »
Rabbi Yohanan ben Zakai et les Biryonim
Le roi avait en premier lieu, envoyé Néron pour détruire le Beith Hamikdach. À son arrivée, Néron prit des flèches et les lança dans les quatre directions — elles tombèrent toutes sur Jérusalem. En homme avisé, il se dit : « Qu’est-ce cela ? Il veut détruire Sa propre maison et Il nous utilise à cette intention ? » Il demanda alors à un enfant : « Qu'as-tu appris à l'école aujourd’hui ? » L'enfant répondit : « Je dirigerai ma vengeance contre Édom pour avoir détruit le Temple. » Néron se dit alors : « Nous ne sommes que des émissaires pour accomplir la volonté de Hachem, et finalement j’en paierai moi, le prix ? » Il décida de fuir et de se convertir.
De ses descendants naîtra Rabbi Meïr.
Le roi envoya donc Vespasien. Celui-ci arriva en Terre d'Israël et assiégea la ville, mais celle-ci était suffisamment riche pour tenir le siège de longues années. Trois notables fortunés s'étaient partagé les responsabilités : l'un nourrissait la population en blé, le second en huile en sel et en vin, et le troisième fournissait le bois pour le feu. Il y avait suffisamment de provisions pour y vivre sereinement durant 21 années.
Malheureusement, en cette période, le peuple d'Israël traversait une période de dégradation. Une faction d’extrémistes, les Biryonim, géraient Jérusalem et s’acharnaient absolument à entreprendre de se libérer du joug Romain, plutôt que tenter de trouver un accord. Que firent-ils ? Ils brûlèrent tous les dépôts — tout cela provenait du Ciel, car la destruction était inévitable. Afin de forcer les gens à se battre, ils brûlèrent toutes les réserves jusqu'à provoquer une grave famine.
La Guémara raconte que Martha bat Baytous, femme de l’aristocratie de l’époque, très riche et raffinée, envoya son serviteur acheter de la fine fleur de farine — il n'en trouva pas. Elle demanda alors de la farine d'orge, puis n'importe quelle farine. Finalement, il n'y avait plus rien à acheter. La famine était devenue si terrible qu’elle sortit elle-même chercher de quoi manger. Ce faisant, elle marcha sur une peau de figue souillée et en mourut de dégoût, tant elle était délicate — les habitants de Jérusalem à cette époque étaient des personnes de très haut niveau.
Rabbi Yohanan ben Zakai, craignant le pire, voulait absolument rencontrer Vespasien pour lui demander d’épargner ce qui pouvait encore l’être. Mais il ne savait comment sortir de la ville, car les Biryonim ne laissaient personne quitter l’endroit. Il demanda conseil à son neveu qui faisait partie de ce groupe, pour savoir ce qu'il pouvait faire. La situation était telle que fut conçue l’idée que Rabbi Yohanan passe pour mort et sorte de la ville dans un cercueil porté par ses élèves, pour être soi disant enterré hors de la ville.
Arrivés aux portes, les Biryonim voulurent transpercer le cercueil de leur poignard pour s'assurer de sa mort certaine. Le neveu, membre du groupe, dit à ses amis : « Puisqu'ils nous surveillent de loin, ils diront qu'on a poignardé notre Maître. » Ils proposèrent : « Jetons-le à terre. » Le neveu cette fois, objecta : « Les ennemis diront qu'on a bousculé notre Maître ! » Finalement, les gardes les laissèrent sortir.
Rabbi Yohanan arriva devant l'émissaire de l'empereur et lui dit : « Paix sur toi, ô César ! » Vespasien répondit : « Tu devrais mourir pour deux raisons : d'abord, tu m'as appelé César alors que je ne le suis pas ; et si je suis César, pourquoi n'es-tu pas venu vers moi jusqu'aujourd'hui ? » Rabbi Yohanan répondit : « Si je vois que c'est toi qui vas détruire le Temple, je sais que tu deviendras roi.
Et si je ne suis pas venu auparavant, c’est parce que les Biryonim m’en empêchaient. »
Vespasien lui dit alors : « si un serpent s’enroule autour d’un tonneau, ne faut-il pas briser le tonneau afin de pouvoir tuer le serpent !? » — faisant allusion au fait qu'il faudrait forcément détruire la ville pour anéantir les Biryonim.
À ce moment précisément, l’annonce de la mort de l'empereur parvint à Vespasien, accompagnée de la décision du conseil le nommant lui-même empereur. Celui-ci avait une chaussure au pied, et il ne parvenait plus à enfiler la seconde ni à retirer la première. Comment allait-il faire pour résoudre ce problème ?! Rabbi Yohanan lui dit : « Il n’y a rien de plus simple. Une bonne nouvelle fait enfler les os. Pour mettre ta chaussure, il faut qu'un ennemi passe et refroidisse ton excitation. »
Après que le roi eut constaté la sagesse de Rabbi Yohanan, il lui demanda : « Que puis-je t’offrir ? » Rabbi Yohanan répondit : « Je te demande trois choses : que tu préserves la ville de Yavné avec ses Sages ; que tu laisses en vie la descendance de Rabban Gamliel, qui descend du roi David ; que tu envoies un médecin pour guérir Rabbi Tzadok. »
Ces trois demandes étaient vitales pour Rabbi Yohanan pour plusieurs raisons cruciales :
Que la Torah se perpétue à travers les Sages de Yavné
Que la descendance du roi David, dont sortira le Machiah, survive et se perpétue
Rabbi Tzadok avait jeûné 40 ans pour que Jérusalem ne soit pas détruite, se nourrissant de l’extrait d’une figue chaque soir. Il se trouvait en fort mauvais point, et il était urgent de le guérir.
La Guémara s'étonne qu'il n'ait pas demandé qu'on ne détruise pas Jérusalem. Elle explique que lorsque la destruction arrive, la sagesse des Sages leur est retirée. Mais Rabbi Yohanan pensait qu'il valait mieux ne pas demander trop — en demandant peu, on obtient ce qu'on demande. Le roi accepta sa demande. En repartant pour Rome, il envoya son fils Titus détruire Jérusalem.
Titus
Titus l’impie arriva jusqu’au Beith Hamikdach. Il est rapporté qu'il commit de graves transgressions dans le Saint des Saints même, sur un rouleau de Torah, cherchant profaner le lieu. Il enfonça même un couteau dans le Parokhet, et pour l'encourager dans sa mission de destruction du Temple, du sang jaillit du rideau, lui donnant l'impression qu'il avait gagné sa guerre. Titus détruisit donc le Temple et le livra aux flammes.
Il prit tous les ustensiles et les entassa pêle-mêle sur son bateau. Pendant la traversée, une énorme tempête se leva et il comprit que le bateau allait couler.
Avec affront, il dit à HKBH : « Je vois que toute Ta force réside dans l'eau ! Tu as noyé les Égyptiens dans l'eau, de même pour l’armée de Sisra, etc. Mesure-Toi à moi moi sur la terre ferme, et nous verrons qui l’emportera ! »
D-ieu accepta de lui montrer Sa puissance. Quand Titus monta sur terre, un moustique pénétra dans son nez et commença à s’attaquer à son cerveau. La souffrance était terrible, au point de le rendre malade et fou. Un jour, il passa devant un forgeron et le moustique cessa.
Il ordonna donc qu'on amène des forgerons devant lui. Quand c'était un non-Juif, il le payait. Quand c'était un Juif, il ne le payait pas, disant : « Voir ton ennemi souffrir, c'est déjà ton salaire. » Au bout de trente jours, le moustique s’accoutuma au bruit et continua sa besogne. Cela dura sept ans, jusqu'à sa mort. Les Sages rapportent qu'ils trouvèrent dans son cerveau une bête de la taille d'un oiseau, avec une bouche de cuivre et des ongles de fer. Telle fut sa punition.
Avant de mourir, il dit : « Brûlez-moi et dispersez-moi dans 7 fleuve pour que le D-ieu d'Israël ne se venge pas de moi. » C'est ce qu'ils firent.
Il est rapporté que son neveu Onkelos ben Kalonimos, qui songeait à se convertir au judaïsme, fit remonter l’âme de Titus par le biais de la sorcellerie. Il lui demanda alors : « Qui est important dans le Ciel ? » Titus répondit : « Le peuple d'Israël. » Onkelos demanda encore : « Que penses-tu d'aller se joindre à eux ? ». Titus répondit : « Non, c’est trop difficile ! Va plutôt les persécuter, car tout celui qui persécute le peuple d'Israël devient un chef ! » La raison à cela est qu’une telle personne représente le mal et de fait, il prend de la puissance car cela maintient le libre arbitre. Onkelos demanda : « Comment es-tu puni dans le monde futur ? » Titus répondit qu'on le punissait chaque jour selon ce qu'il avait décidé : on le brûle et on le disperse dans 7 fleuve.
Le Talmud fait remarquer que lorsque Onkelos fit remonter les fauteurs du peuple juif comme « Yéchou », ceux-ci lui dirent : « Attache-toi au peuple d'Israël, cherche leur bien. » Alors que Titus et Bilam lui dirent tous deux : « Non, oppose-toi à eux ! » Pourquoi ? Parce qu’au niveau de l'éternité, celui qui était mauvais garde le mal attaché à lui et même s’il reconnaît la vérité et l'importance du peuple d'Israël, il cherchera quand même à le poursuivre et lui faire du mal.
400 garçons et 400 filles
400 garçons et 400 filles furent capturés par les Romains pour être amenés à Rome. Les enfants de Jérusalem étaient d'une beauté incomparable. Ces enfants comprirent qu'on les emmenait pour les faire fauter et leur faire commettre de graves perversions. En pleine mer, ils se posèrent la question : s'ils sautaient dans la mer pour être sauvés de la souffrance et de la faute, auraient-ils droit au Monde Futur ?
L’un des garçons cita le verset qui dit qu'à l'époque du Messie, D-ieu ramènera tous ceux qui se sont perdus dans la mer et dans tous les endroits du monde. Dès qu'ils entendirent ce verset, les filles sautèrent les premières dans l'eau, suivies par les garçons. A leur sujet, le verset dit : « Ki aleikha horagnou kol hayom, néhchavnou kétson tivha – Car c’est à cause de Toi que nous sommes mis à mort en permanence, que nous sommes considérés comme des brebis destinées à l’abattoir » (Téhilim 44 ;22) - Le peuple d'Israël a donné sa vie pour HKBH.
Hanna et ses sept fils
Il était une fois une femme juste et pieuse, une tzadékète nommée Hanna, qui avait sept fils. À l’époque, un empereur cruel cherchait à contraindre les enfants d’Israël à renier leur foi et à se prosterner devant l’idolâtrie. Déterminé à les faire fauter, il convoqua un à un les fils de Hanna.
Au premier fils, il dit :
« Prosterne-toi devant l’idole, sinon je te mettrai à mort. »
L’enfant lui répondit avec fermeté :
« Dans la Torah, il est écrit : “Je suis l’Éternel ton Dieu”. Je ne me prosternerai jamais devant une idole. »
L’empereur, furieux, le fit exécuter.
Il appela alors le deuxième fils, qui répondit à son tour :
« Dans les Dix Commandements, il est écrit : “Tu n’auras pas d’autres dieux devant Moi.” Je ne trahirai pas mon Créateur. »
Le deuxième fut également mis à mort.
Le troisième, le quatrième et ainsi de suite, furent appelés et chacun prononça un verset de la Torah exprimant sa fidélité à Hachem. L’un dit le Chema Israël :
« Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est Un. »
Aucun ne céda, et chacun accepta la mort plutôt que l’idolâtrie.
Quand vint le tour du dernier enfant, le plus jeune, l’empereur sentit son cœur se troubler devant tant de courage et de foi. Il avait honte de devoir tuer un enfant si pur. Il tenta alors une ruse et lui dit :
« Ne fais pas comme tes frères. Je vais jeter ma bague à terre. Fais semblant de te baisser pour la ramasser, ainsi tu donneras l’impression de te prosterner. Tu vivras, et personne ne saura. »
L’enfant répondit :
« Tu as honte des hommes, mais pas honte de te dresser contre le Créateur ? Moi, je ne tromperai pas mon Dieu. »
L’empereur, humilié, ordonna de le tuer.
Dans certaines versions, l’empereur tenta également de les forcer à manger de la viande interdite, mais les enfants refusèrent, même sous la torture.
Leur foi inébranlable les conduisit à donner leur vie pour sanctifier le Nom d’Hachem (Kiddouch Hachem), durant cette période sombre où le peuple d’Israël était persécuté par les Romains.
Hanna, la mère, resta debout, voyant ses fils tomber un à un. Avant la mort du plus jeune, elle lui dit :
« Va auprès de notre ancêtre Avraham Avinou, et dis-lui : “Toi, tu as offert un fils sur l’autel, mais moi, j’ai offert sept fils.” »
Comme l’explique le Maharal de Prague, ses paroles n’étaient pas un orgueil face à Avraham, mais la reconnaissance qu’elle puisait sa force dans l’héritage spirituel de ce patriarche, allant jusqu’à offrir sept vies pour Hachem.
Après le martyre de son dernier fils, Hanna monta sur un toit, leva les yeux vers le ciel et dit :
« Maître de l’univers, Tu m’as donné sept enfants, et je Te les ai tous rendus. »
Puis elle se jeta, rejoignant ses fils dans le monde éternel.
Cette histoire illustre la foi profonde du peuple d’Israël, même à une époque où tous ne respectaient pas chaque détail de la Torah. Le lien avec Hachem restait si fort que ni les menaces, ni les tortures, ni la mort ne purent les faire renoncer à leur croyance et à la Torah.
Rabbi Yohanan ben Zakai et la fille de Nakdimon
Concluons par cette histoire qui illustre que le peuple d'Israël subit ses exils et ses épreuves justement du fait de sa grandeur.
Rabbi Yohanan ben Zakai, alors qu’il marchait en compagnie de ses disciples, vit une jeune femme ramasser des grains d’orge au milieu des excréments des ânes des Arabes. Il lui demanda : « Qui es-tu ? » Elle répondit : « Je suis la fille de Nakdimon ben Gourion. » Il lui demanda : « Où est passé l'argent de ton père ? Il était immensément riche. » Elle répondit : « Ne sais-tu pas ce que les gens disent : Le sel de l'argent - ce qui permet de le conserver - est de donner la charité ? » La Guémara donne deux raisons pourquoi il aurait perdu tout son argent car il donnait effectivement la Tsédaka, mais pas comme il convenait de le faire. Il pratiquait cette mitsva pour son honneur ou il ne donnait pas a la hauteur de ses moyens.
Elle lui dit alors : « Te souviens-tu que tu as signé ma Ketouba ? » Il se tourna vers ses élèves et leur dit : « Je me souviens avoir signé sa Ketouba, et il y était inscrit des millions de pièces d'or ! »
Rabbi Yohanan conclut : « Bienheureux, Israël ! Quand vous faites la volonté de Hachem, aucune nation ni personne ne peut vous toucher. Mais à l’inverse, lorsque vous ne faites pas la volonté divine, vous êtes livrés aux mains d'une nation misérable, et vous y êtes soumis au point de ramasser au pied de leurs animaux. »
Quel est donc le sens de cet éloge d’Israel de Rabbi Yohanan ben Zakai « Bienheureux, Israel » en ces douloureux moments ? Le Siftei Haim explique que c'est là, la grandeur du peuple d'Israël. De même qu'il y a dans la Création plusieurs classes, celles du minéral, du végétal, de l'animal et de l'humain, il existe une cinquième classe : le peuple d'Israël. Le peuple juif, comme l'explique le Maharal, n'est pas soumis aux lois de la nature — par essence, il est au-dessus. Mais s'il ne se trouve pas à ce niveau, il ne peut pas non plus passer à la classe inférieure et se transformer en simple être doté de parole.
Un végétal qui perd son statut ne se transforme pas en minéral, il se dégrade en une chose bien pire — il ne descend pas au niveau inférieur mais bien plus bas. Ainsi, si Israël chute, il tombe encore plus bas. Et c'est là toute sa dimension, car cela montre que sa chute provient uniquement de son refus d’assumer sa grandeur, mais ce n'est que temporaire. Dès qu'il l'assumera, il se surpassera dans sa grandeur.
La transformation du mois de Av
Concluons notre propos par les paroles du Ben Ich Hai : le mois de Av tire son nom du mot Av qui signifie ‘père’, car il sera le père de tous les mois dès que la Délivrance surviendra. Il est dit : « Even maassou habonim — La pierre qu'ont rejeté les bâtisseurs » : c’est le mois de Av dont le début est sujet au deuil et la tristesse, « Hayta léroch pina — est devenue la pierre angulaire » : elle sera à la tête de tous les mois.
C'est pourquoi le mois de Av est sous le signe astrologique du Lion — 'Arié', qui a la même valeur numérique (216) que 'Guevoura' — rigueur. Car il y a 216 heures depuis le début du mois de Av jusqu'à la fin de Tichea béav.
Si l'on soustrait les quatre dernières heures de Tichea béav — moment de la naissance du Messie — on obtient 212, valeur numérique du mot 'Ora' — lumière. Comme l'a dit la Guémara, Jérusalem fut détruite parce qu'on ne respectait plus les érudits en Torah, appelés « Rabbi » — dont la valeur numérique est aussi 212. En accomplissant à leur juste dimension ces 212 heures, il est possible de réparer ce manquement et ainsi, la lumière de la Délivrance pourra dès lors survenir. Ce mois se transformera donc, avec l'Aide divine, en joie et en allégresse, quand viendra la Guéoula.
Une tristesse partagée
Il nous appartient de savoir que HKBH ressent encore davantage notre tristesse — c'est ce qu'on appelle la douleur de la Chekhina. Rabbi Yossi raconte dans la Guémara (Berakhot 3a) qu'un jour, il entra dans une ruine pour y prier. Le Prophète Élie l'attendit à la porte et quand il sortit, lui dit : « Mon fils, pourquoi as-tu prié dans une ruine ? Il ne convient pas d’y prier. Il fallait faire la prière sur la route, car on ne pénètre pas dans un endroit dangereux. »
Puis il lui demanda : « Qu'as-tu entendu dans cet endroit ? » Rabbi Yossi répondit : « J'ai entendu une voix céleste dire : Malheur ! J'ai détruit Ma maison, J'ai brûlé Mon Temple et Je les ai exilés parmi les nations. » Ces paroles expriment la « douleur » divine face à la destruction du Temple de Jérusalem et à l'exil du peuple juif. Le Prophète Élie répliqua : « Sache que c’est tous les jours, trois fois par jour, que cette voix s’exprime de la sorte. Et sache également que chaque fois que les enfants d'Israël entrent dans les synagogues et disent : "Amen Yéhé Chémé Rabbah !", priant pour que le Nom de D-ieu soit grandi, élevé et entier dans le monde, HKBH dit : Heureux est le roi qu'on loue dans sa maison ainsi ! Pourquoi le père a t’il exilé ses enfants ? Et malheur à ces enfants qui ont été exilés de la table de leur père !
Chemin vers la reconstruction
En nous renforçant dans le Kavod Chamayim et le respect de nos Talmidei Hakhamim, érudits en Torah, en nous nous engageant à être toujours bienveillants et aimables avec autrui, en éradiquant de nos intériorités la haine gratuite, le Beth Hamikdach sera reconstruit sans plus tarder avec l’Aide du Ciel. Bimhéra béyaménou… Amen !