LA MITSVA DU TSITSIT
- Or Torah | LDEJ
- 18 juil.
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La Mitsva et son histoires 2
L'importance capitale de cette mitsva
La mitsva du port des tsitsit revêt une importance exceptionnelle dans la tradition juive. Elle trouve sa source dans le verset du Chéma Israël : « Daber el Bnei Israel veassou lahem Tsitsit - Parle aux enfants d'Israël et qu'ils se fassent des tsitsit » (Bamidbar 15:38). Cette prescription est également mentionnée dans le verset : « Petilim taassei lekha al arba kanfot kessoutekha - Tu te feras des franges aux quatre coins de ton vêtement » (Devarim 22:12).
La tradition enseigne que quiconque observe fidèlement la mitsva des tsitsit mérite de recevoir la présence de la Chekhina. Plus remarquable encore, cette mitsva équivaut à l'ensemble des 613 mitsvot réunies. Rachi explique cette correspondance par un calcul symbolique : la valeur numérique du mot « tsitsit » est de 600, à laquelle s'ajoutent les 5 nœuds et les 8 fils, donnant un total de 613 - exactement le nombre de mitsvot de la Torah.
Comme le promet le verset : « Lemaan Tizkerou Vaassitem et kol Mitsvotai - Afin que vous vous souveniez et accomplissiez tous mes commandements » (Bamidbar 15:40), cette mitsva sert de tremplin vers l'observance de toutes les mitsvot de la Torah. Certains commentateurs établissent également un lien entre le terme « Oureitem - vous les regarderez » et le mot « Yirah – crainte », soulignant que cette mitsva éveille la Crainte du Ciel. Ainsi, par le biais de cette observance, l'homme se souvient de toutes les mitsvot et se protège des transgressions.
Les modalités de cette mitsva
La mitsva des tsitsit prescrite par la Torah concerne toute personne portant un vêtement à quatre coins. Celui qui ne possède pas de vêtement à quatre coins n'a donc pas l'obligation de porter les tsitsit. Cependant, afin de bénéficier de cette mitsva exceptionnelle, il est devenu coutume d'acquérir spécifiquement un vêtement à quatre coins muni de tsitsit pour pouvoir accomplir cette mitsva. En essence, il s'agit d'une mitsva qui n'est pas intrinsèquement obligatoire, mais qui le devient dès lors que l'on porte un vêtement à quatre coins.
La Guemara, dans le traité Menahot, rapporte que le Prophète Elie a dit à Rav Ketina qu'au Ciel, lorsque l’on est en colère envers une personne concernant certaines fautes, on pourrait lui reprocher également ce manquement : « Pourquoi n'as-tu pas désiré accomplir cette mitsva des tsitsit ? Pourquoi ne t’y es-tu pas engagé ? » Cette Guemara révèle que HKBH a précisément souhaité que cette mitsva procède de notre libre choix et que nous nous imposions volontairement cette obligation.
Comme l'écrit Rav Chimchon Raphael Hirsch, puisque cette mitsva concerne le corps et distingue l'homme de l'animal, il fallait qu'elle émane de sa conscience. C'est pourquoi la Torah ne l'a pas rendue obligatoire comme pour les tefillin. Elle ne le devient qu’à partir du moment où l'on porte un vêtement à quatre coins. Mais il existe néanmoins cette mitsva de s'engager volontairement dans cette obligation.
Selon certains commentateurs, les paroles du Prophète Elie visaient celui qui possède un vêtement à quatre coins et qui l'arrondit délibérément ; en l'arrondissant, il s'exempte des tsitsit. Le fait qu'il cherche à échapper à cette mitsva explique la sévérité du reproche qui lui est adressé. Toutefois, de nombreux autres expliquent que même celui qui ne possède pas de vêtements à quatre coins, mais qui ne fait aucun effort pour s'en procurer afin d'accomplir cette mitsva particulière, encourt effectivement cette récrimination.
Le témoignage du Gaon de Vilna
L'histoire du Gaon de Vilna illustre parfaitement la valeur de cette mitsva. Ce grand maître, dont la vie entière était consacrée à la Torah, qui ne dormait que très peu et consacrait tout son temps à l'étude de la Torah et à l'observance des mitsvot, pleura avant sa mort en pensant à la mitsva des tsitsit. Lorsqu'on lui demanda la raison de ses larmes, il répondit : « C'est une mitsva qu'après 120 ans, on ne peut plus accomplir, même avec tout l'or du monde.
Ici-bas, avec peu d'argent, on peut à chaque pas accomplir une mitsva extraordinaire et très importante, qui équivaut à toutes les mitsvot. »
Une loi du Choulhan Aroukh illustre combien cette mitsva est précieuse et combien l'homme doit s'organiser et s'habituer à porter les tsitsit de manière à accomplir une mitsva à chaque pas. Cette halakha stipule que celui qui pénètre dans un cimetière doit cacher ses tsitsit. La Guemara explique la raison à cela : pour éviter d’être « Loeg Larash » de se moquer du pauvre, comme s'il se moquait des morts considérés comme des pauvres, car ils se trouvent dans une situation où ils ne peuvent plus accomplir cette mitsva. Lorsque l'on arrive avec les tsitsit - accomplissant une mitsva à chaque pas – cela peut donner l’impression que l’on méprise les morts et en même temps, éveiller chez eux une certaine douleur de ne plus avoir la possiblité d'accomplir cette mitsva. Cela démontre l'importance considérable de cette mitsva.
En réalité, comme l'indique le Choulhan Aroukh, si un homme portait plusieurs vêtements à quatre coins, il pourrait mettre des tsitsit sur chacun d'eux, même si ce n'est pas notre coutume et que nous nous contentons généralement d'un seul vêtement. Toutefois, nombreux sont ceux qui ont entendu parler du Rav Haim Pinchas Scheinberg ztsl, qui portait 18 vêtements de tsitsit sur lui, car il avait un avis particulier et voulait profiter de chaque vêtement pour l’accomplissement de cette précieuse mitsva. Cela occasionnait certes, une épaisseur conséquente de vêtements, et malgré la chaleur d'Israël, il n'en ôtait pas un seul, tant il aimait et appréciait le mérite de cette mitsva.
Raisons profondes de cette mitsva
La raison la plus évidente de cette mitsva, est celle explicitement mentionnée dans la Torah : « Lemaan Tizkerou Vaassitem ett kol Mitsvot Hachem - Afin que vous vous souveniez et accomplissiez tous les commandements de D-ieu » (Bamidbar 15:40). Les tsitsit et leurs fils ont pour but de nous rappeler nos devoirs et nos 613 mitsvot. Lorsqu'un homme voit les tsitsit, cela lui rappelle toutes les mitsvot de Hachem, il se souvient qu'il a des devoirs à accomplir selon la Torah.
Les tsitsit constituent en eux-mêmes un rappel. Autrefois, ils comportaient également un fil bleu confectionné à partir du hilazon - poisson produisant la teinture bleue. Ce fil bleu nous rappelait toutes les mitsvot de HKBH, car le bleu ressemble à la mer, la mer ressemble au ciel, et le ciel ressemble au Trône Céleste, évoquant ainsi HKBH. De même, par tous les signes présents dans les fils des tsitsit - comme nous l'avons mentionné, ils correspondent au chiffre de 613 mitsvot - en voyant les nœuds, cela rappelle à l'homme d'accomplir ses devoirs et les mitsvot de Hachem.
Une deuxième raison, mentionnée dans les Richonim, compare les tsitsit au sceau que porte le serviteur de son maître. En portant les tsitsit, nous témoignons et affichons un signe attestant que nous sommes les serviteurs de Hachem et que nous suivons Ses mitsvot. Dans le Sefer Hahinoukh, ainsi que pour le Sforno, ces deux raisons sont reliées : « Il n'y a pas de plus beau rappel pour l'homme qui accomplit ses devoirs dans la vie et les mitsvot d'Hachem que de porter un signe d'appartenance, un signe attestant du port de la marque et du sceau de son Maître. »
Le port des Tsitsit rappelle non seulement les mitsvot, mais proclame également que nous sommes les serviteurs d'Hachem. Et s’il arrive que l’homme soit tenté par la faute, à D-ieu ne plaise, ou s'il oublie une mitsva, il a face à lui en permanence ce mémo : « Je suis soumis et engagé dans les mitsvot de HKBH. »
Une troisième raison, fréquemment citée et développée par Rav Chimchon Réphael Hirsch ainsi que d'autres ouvrages, trouvent également une allusion dans le Midrach qui enseigne : « Dans chaque chose qu'Il nous a donnée, D-ieu a placé une mitsva. Au niveau de la terre, lorsqu'on s’apprête à la labourer, Il nous a donné les mitsvot liées à l’agriculture. Concernant nos maisons, Il nous a prescrit la mitsva de mezouza. Pour notre corps, Il a établi la misva de brith-mila…. Et en rapport avec nos vêtements, Il a ordonné la mitsva des tsitsit. »
Cette perspective révèle que HKBH a désiré sanctifier également nos vêtements, tout comme Il a également sanctifié nos ustensiles.
Cependant, le sens profond de cette mitsva, comme l'explique le Rav Ch.R.Hirsch, réside dans le fait que le vêtement est précisément l’un des atouts qui différencie l'homme de l'animal. Le vêtement revêt donc une puissante symbolique. Il est pleinement lié à la dignité humaine. C'est pourquoi la première chose dont D-ieu se préoccupa, suite à la faute d'Adam et Hava, fut de leur confectionner des vêtements, pour leur permettre de réaliser et comprendre qu'ils possèdent une dimension humaine élevée. Dans cette dimension d’être humain, placer ces fils de tsitsit relève à l’homme encore davantage, sa stature d'être doué de libre arbitre, assujetti aux mitsvot, capable de mérites et porteur de devoirs. Porter les tsitsit constitue en soi un puissant symbole qui confirme à l'homme sa grandeur au niveau de ses devoirs et de sa mission.
Rav Chimchon Raphael Hirsch ajoute que c'est pour cette raison qu’aussitôt après cette ordonnance des tsitsit, la Torah relate l'épisode du Mekochech Etzim - celui qui ramassa du bois en plein Chabbat. Bien que cet homme se trouvât dans le contexte du Chabbat, n’ayant sur lui aucun signe visible de rappel de mitsva, il fut tenté de commettre cette faute. Aucun élément évocateur de sa grandeur et de son devoir concernant la mitsva du Chabbat ne permit à cet homme de résister à cette faute.
Le Sefer Ha’Hinoukh ajoute que le blanc des tsitsit fait allusion au corps de l'homme. Les fils des tsitsit rappellent également le corps de l'homme, tandis que le bleu évoque l’âme. Cela vient précisément souligner l'importance du corps et créer un lien entre l’âme et le corps.
Le pouvoir protecteur des tsitsit
Maïmonide ajoute une particularité à la mitsva des tsitsit en affirmant que cette mitsva protège l'homme de la faute. Comme le dit le Midrach : « Car celui qui porte les tsitsit est entouré de nombreux anges qui lui rappellent de ne pas fauter et d'accomplir ses mitsvot. » Comme l'ajoute Rabbenou Yona : « Plus que toutes les mitsvot, dont certaines n'ont pas vocation de protéger de la faute, la mitsva des tsitsit en particulier, protège l'homme de la faute. »
Le Rambam rapporte cette Guemara : « Quiconque porte les tefillin sur son bras, a fixé une mezouza à sa porte, a les tefillin sur sa tête et les tsitsit sur son corps, est garanti de ne pas fauter. » Cela signifie qu'il existe dans cette mitsva, au-delà de sa pratique et de ses raisons, une particularité : elle protège l'homme de la faute.
Histoire exemplaire de la Guemara
L'histoire rapportée dans la Guemara Menahot illustre parfaitement ce pouvoir protecteur. Un homme était malheureusement très attiré par les femmes de mauvaise vie. Un jour, il prépara une importante somme d'argent pour se rendre, par-delà les mers, chez une femme très recherchée. Lorsqu'il arriva sur place, l’endroit était somptueux, tout respirait le luxe ainsi qu’un contexte approprié à le faire chuter au fond de l’abîme.
Au moment où il s'apprêtait à fauter, les tsitsit, auxquels il faisait très attention, lui frappèrent le visage et lui rappelèrent la mitsva des tsitsit ainsi que le fait qu'il ne fallait pas fauter.
Il décida de renoncer. La femme avec qui il avait prévu de fauter fut tellement choquée par ce revirement improbable de situation face à une telle épreuve, qu’elle se renseigna sur sa personne et se convertit.
Elle se rendit à la synagogue après sa conversion et demanda à l'épouser. La Guemara dit : « Ce à quoi il avait renoncé dans l'interdit, il l'obtint en toute permissivité. » Malgré la difficulté de l’épreuve, les tsitsit l'avaient protégé de cette faute extrême.
Les règles halakhiques essentielles
Pour accomplir correctement cette mitsva exceptionnelle, plusieurs points méritent notre attention :
Dimensions et structure du talit
Avant tout, il y a lieu de s’assurer que la taille du vêtement soit suffisante, soit environ 36 sur 44 cm de chaque côté, sans compter l'ouverture pour la tête. Ces dimensions correspondent à la taille d'un homme.
Le vêtement ne doit pas comporter de couture qui relie complètement les deux côtés, car cela en ferait un vêtement fermé et ne permettrait pas les quatre coins. La majorité du vêtement doit rester ouverte.
Confection des tsitsit
Il est important que les tsitsiot fassent l’objet d’une confection à la main, afin que l'on puisse considérer qu'ils ont été confectionnés lichma, dans l'intention de la mitsva-même. Concernant les tsitsit fabriqués à la machine, il existe une controverse : certains considèrent que cela s'appelle lichma, d'autres non.
Intégrité des fils
Nous avons 8 fils pour chaque pan du talit : 4 fils doublés en 2, ce qui fait 8 fils de chaque côté. Il faudra veiller à ce que les fils soient séparés et non emmêlés, et qu'il n'y ait pas de nœud qui les relie indûment, car cela ne constituerait plus 8 fils.
Il faut être très attentif et scrupuleux en permanence au bon état des fils. Si certains sont déchirés, parfois cela reste cacher, surtout lorsque cela ne concerne qu’un seul fil. Il faut surtout veiller à ce qu'ils ne soient pas déchirés à la base, avant les nœuds. Car s'il existe une déchirure à ce niveau, cela invalide totalement le tsitsit. Cela peut arriver fréquemment avec les tsitsit des synagogues, et dans ce cas, cela pourrait être problématique car au lieu d'accomplir une mitsva, la brakha concernée deviendrait vaine. De plus, on aurait également porté un vêtement à quatre coins avec un tsitsit invalide !
Cette mitsva demande donc une attention redoublée. C'est pourquoi en arrivant à la synagogue le matin, il est prescrit de vérifier le talit gadol pour s'assurer qu'il ne soit pas abîmé.
Le talit katan doit être vérifié quotidiennement, et plus précisément après avoir été lavé en machine.
C'est pourquoi, avant de laver les talit katan, il convient de prendre quelques précautions, comme par exemple les insérer dans un filet réservé au linge délicat - parfois vendus dans les magasins cacher, dans lesquels on enroule les fils des tsitsit pour éviter qu'ils ne s'emmêlent ou ne se déchirent, et qu’à D ieu ne plaise, on en vienne à commettre une transgression au lieu d'accomplir une mitsva.
En cas de force majeure, lorsqu'on est très pressé et qu'on n'a pas le temps de le vérifier, on pourrait le porter en considérant qu’il est resté cacher. Mais d'une manière générale, et surtout lorsque la présomption est très forte, comme après un lavage, il faut bien vérifier que le tsitsit soit cacher avant de le porter. Le Chabbat également, même si l’on ne peut pas resserrer les nœuds, il convient néanmoins de vérifier que le talit est cacher avant de le porter.
La bénédiction sur le talit katan
En principe, il conviendrait de réciter la bénédiction sur le talit katan : « Al mitsvat Tsitsit », ou selon certains avis : « Leitatef bétsitsit ». Cependant, étant donné qu'aujourd'hui nous portons le talit gadol quotidiennement, et que celui-ci permet d'accomplir plus joliment la mitsva, particulièrement au moment de la prière, la bénédiction récitée sur celui-ci, nous acquitte également du talit katan.
Le talit gadol a l'avantage d'être porté au moment de la prière et de permettre de se couvrir la tête. À ce sujet, il existe différentes coutumes : certains ne mettent pas le talit sur la tête tant qu'ils ne sont pas mariés, tandis que d'autres le font même avant le mariage.
Pour ceux qui ne portent pas le talit gadol - comme les Séfaradim avant la Bar Mitsva, les Ashkénazim avant le mariage, ou une personne en voyage qui n'aurait pas son talit gadol avec elle - il conviendra de réciter la bénédiction sur le talit katan. Dans ce cas, nous avons l'habitude de dire « Al mitsvat Tsitsit ».
Comment porter les tsitsit ?
Il existe un débat important dans la halakha, concernant la manière de porter les tsitsit. Le Michna Broura rapporte que puisqu'il est écrit « Oureitem Oto - et vous devrez le voir », il faudrait porter les tsitsit par-dessus les vêtements pour pouvoir les voir.
Cependant, il mentionne également qu'il est écrit dans les ouvrages kabbalistiques, au nom du Arizal, qu'il faudrait les porter sous les vêtements.
Le Michna Broura explique que seul le vêtement du talit lui-même doit être porté sous les habits, tandis que les tsitsit doivent rester à l'extérieur. Il insiste vivement sur ce point, suivi par de nombreux décisionnaires, affirmant qu'il faut porter les tsitsit à l'extérieur, car le but est de voir les tsitsit et de se rappeler les commandements divins. Cela manifeste notre condition de serviteurs de Hachem et il importe de révéler cet honneur.
Ces mêmes autorités critiquent lourdement ceux qui portent les tsitsit sous leurs vêtements, affirmant qu'ils annulent l'essentiel de la mitsva et révèlent leur honte face aux commandements divins. Ils citent à ce propos la prophétie de Zekharia (8:23) selon laquelle, à la fin des temps, les nations saisiront les franges des tsitsit et demanderont :
« Emmenez-nous avec vous à Jérusalem. » Il est dit dans le Talmud (Chabbat 32b) que 2800 personnes serviront celui qui aura le tsitsit comme il convient. Comment dans ce cas, les porter sous les vêtements ?
D’autres, comprennent que le Arizal a dit de porter les tsitsit sous les vêtements pour des raisons kabbalistiques. C'est ainsi que procèdent une partie des Séfaradim, notamment ceux qui suivent Rav Ovadia Yossef, qui rapporte l’opinion du Arizal, et insiste énormément sur le fait que les tsitsit doivent être portés sous les vêtements. Par contre, tous ceux qui suivent le Michna Broura et dans de nombreuses communautés, on veille scrupuleusement à porter les tsitsit à l'extérieur.
La matière des tsitsit
Selon le Choulhan Aroukh, un vêtement confectionné en laine ou en lin permet d'accomplir une mitsva de la Torah. En revanche, si l'on porte des habits qui ne sont pas en laine, la mitsva ne serait que d’ordre rabbinique. On accomplit certes la mitsva de tsitsit, mais seulement par ordonnance des Sages, ce qui est regrettable. C'est pourquoi de nombreuses personnes s'efforcent de porter des talit en laine.
Le Rama et d'autres décisionnaires estiment au contraire que même les autres vêtements permettent d'accomplir la mitsva de la Torah. Le Hazon Ich, ainsi que le Gaon de Vilna, affirmaient qu'on pouvait porter un vêtement qui n'est pas nécessairement en laine et s'acquitter ainsi de la mitsva de la Torah.
Le Hazon Ich précisait que parfois, en cas de canicule, un talit en laine ne constitue pas un vêtement selon certains avis, car un vêtement doit procurer du confort et non de la souffrance.
Il préférait donc porter du coton ou un autre tissu.
Néanmoins, l'avis général, comme le pense le Michna Broura, est qu'un homme doit s'efforcer de porter un vêtement en laine, des tsitsit en laine, pour accomplir la mitsva de la Torah.
Beaucoup conseillent à celui qui ne supporte pas cette matière d'essayer de porter des tsitsit en laine au moins le Chabbat, afin que la mitsva accomplie soit min haTorah même selon le Choulhan Aroukh et la majorité des avis.
Les tsitsit la nuit
Le Talmud enseigne que nous sommes dispensés des tsitsit la nuit. Selon certains avis, la nuit, on en est dispensé même sur les vêtements du jour. Selon d'autres, ce sont les vêtements de nuit qui sont dispensés des tsitsit. Dans tous les cas, la halakha établit qu'on est dispensé des tsitsit la nuit.
Malgré cela, selon le Arizal, il est recommandé de garder le tsitsit sur soi la nuit, car cela protège. Ce n'est pas obligatoire du point de vue de la Halakha.
Histoire du Rav Tzvi Hirsch Meizlich
Ce rabbin fut déporté dans le camp de concentration d'Auschwitz. Il possédait le talit gadol de son grand-père, qui était lui-même, un célèbre grand rabbin. Il tenait absolument à conserver son tallit. Voyant qu'il était impossible de garder un tel vêtement en ces endroits de perdition, il décida de percer un trou au milieu du talit pour le transformer en talit katan. Il le porta sur lui et le cacha sous ses vêtements.
Le prisonnier était heureux d'accomplir la mitsva avec un si beau talit, cela lui réchauffait le cœur. Quelques jours plus tard, en rentrant prendre la douche après une journée de travail, le gardien, qui s'ennuyait à mourir, remarqua que ses vêtements étaient un plus épais. Il lui demanda : « Qu'est-ce que tu portes en dessous ? » Dès qu'il vit qu'il portait des tsitsit, il lui assena de terribles coups. Il le frappa violemment, puis l'envoya prendre sa douche, affaibli et en sang, mais heureux d'être avec ses tsitsit.
Arriva la fin de la Shoah, le jour où les Allemands emmenèrent les Juifs dans le train de la mort, le dernier train qui devait les conduire vers l'Allemagne. À ce moment-là, le gardien, qui les surveillait dans le wagon, remarqua que le rabbin avait quelque chose sous ses vêtements. Il glissa sa main, lui arracha le tsitsit et le déchira. Bien que le rabbin pleure et le supplie, le nazi prit plaisir à le déchirer et à le jeter. Les juifs étaient serrés comme des animaux dans ce wagon. S’ajouta à cela, cette terrible affliction causée par cet acte maléfique. Debout, collés les uns aux autres, lui et son fils appuyaient leurs têtes l'une contre l'autre pour se soutenir un peu et soulager leurs souffrances. Tout à coup, un avion américain passa et lança une bombe en direction du train.
La bombe tomba un peu plus loin, mais un éclat pénétra dans le wagon. À cet instant précis, il venait de déplacer sa tête, ménageant un espace entre sa tête et celle de son fils. Le projectile passa juste entre leurs deux têtes pour aller tout droit vers le nazi qui avait déchiré le talit, lequel était confortablement assis au milieu du wagon. Ce fragment métallique lui sectionna les mains, qui se mirent à saigner abondamment. Tout le monde put assister à ce phénomène surnaturel et contempler la main divine agir. Tous avaient vu comment les deux juifs furent sauvés à la seconde près, et comment le nazi fut puni par le Ciel pour avoir arraché et déchiré le talit.
Deux histoires avec le Hazon Ish
Un jour, un homme vint chez le Hazon Ich et lui dit qu'il sentait son caractère se détériorer, il s'énervait très vite et de nombreux mauvais traits se réveillaient en lui. Il demanda conseil au Hazon Ich pour pouvoir combattre ces défauts de caractère. Le Hazon Ich lui répondit : « Je te donne trois conseils. Si tu fais attention à ces trois choses, cela t'aidera énormément. » La première chose - ne pas toucher les parties couvertes du corps pendant l'étude, et chaque fois qu'il les toucherait, procéder à l’ablution des mains. La deuxième – être très scrupuleux et attentif à la mitsva de tsitsit : veiller à ce que ses tsitsit soient toujours cacher. La troisième : « s’habituer à prier pour la souffrance de son prochain, même si cela ne l’émeut pas, prier pour la douleur de son ami. »
L’homme affirma avoir constaté des résultats spectaculaires : il s'améliora grandement et rectifia considérablement ses traits de caractère.
Dans une deuxième histoire, quelqu'un vint chez le Hazon Ich et lui dit : « Je sens que mon fils baisse beaucoup dans sa Crainte du Ciel, il n'est plus aussi sérieux qu’auparavant… Que puis-je faire pour l’aider ? » Le Hazon Ich répondit : « Examine bien ses tsitsit et veille à ce que ceux-ci soient toujours cacher, qu'il n'y ait pas de fil déchiré. Tu verras une grande amélioration. » Et effectivement, cela se passa ainsi : l'enfant retrouva le droit chemin, se renforça dans sa Crainte du Ciel et dans l'observance des commandements.
L'enseignement du Kaf Hahayim
Le Kaf Hahayim enseigne que regarder les tsitsit est un grand remède spirituel pour calmer la colère. Il dit même que la valeur numérique de « Kanaf » - qui signifie le coin du tsitsit - correspond à celle de « Kaass - colère ». Cela apaise la colère. A ce sujet, le Hafets Haïm préconise de s'habituer à regarder les tsitsit plusieurs fois par jour, et surtout quand une mauvaise pensée survient, ou quand la colère monte et que le mauvais penchant menace de sévir.
Histoire de deux Tsadikim
Deux grands tsadikim, élèves du Gaon de Vilna, entendirent une fois leur maître parler de l'importance de prendre sur soi un engagement très fermement et de le respecter dans toutes les conditions possibles. Ces deux rabbins s'appelaient Rav Moche et Rav Ytshak.
Rav Moché prit sur lui de veiller à la mitsva de tsitsit, ayant perçu la mesure de l’importance de cette mitsva, comme nous trouvons dans le Talmud (Chabbat 118b) que Rav Yossef demanda à son ami : « À quoi ton père faisait-il particulièrement attention ? » Il lui répondit : « Mon père faisait très attention à la mitsva de tsitsit. Un jour, il se trouvait dans un escalier. Un fil de tsitsit se coupa. Il ne bougea pas de l'escalier tant qu'on ne lui eut pas apporté un tsitsit en remplacement. » Lui aussi prit donc sur lui de faire très attention à la mitsva de tsitsit, et y veilla constamment. Un jour, après six mois de travail chez un petit aubergiste où il enseignait à ses enfants, il loua les services d’un cocher pour le ramener chez lui. Il emportait avec lui tout son salaire.
Au milieu de la route, arriva l'heure de minḥa. Il descendit de la carriole pour prier. En priant, ses tsitsit s'accrochèrent à un arbre et un fil se déchira. Voyant cela, il déclara : « Je ne bouge pas d’ici. J’ai pris la décision de rester très ferme sur cette mitsva. » Il demanda au cocher s'il pouvait aller en ville lui chercher des tsitsit cacher.
Le cocher lui rit au nez et dit : « Mais tu n’y penses pas ! Je ne vais pas faire une heure et demie de route maintenant pour aller chercher des tsitsit cacher ! » Le rabbin répondit : « Moi, je ne peux pas bouger. » Le cocher lui dit : « Je vais te laisser et partir. » Ils se trouvaient alors au cœur de la forêt.
Le rabbin lui dit : « J’ai sur moi, mon salaire de six mois de travail, je te le donne et tu vas me chercher des tsitsit en ville. »
Le cocher malhonnête prit l'argent, partit, et ne revint pas. Le rabbin se retrouva ainsi complètement seul et démuni. Il attendit presque deux jours sans bouger de sa place, avec sa petite gamelle de nourriture. Malgré la grande difficulté, il refusait de transiger sur l’engagement qu'il avait pris sur lui.
Après deux jours, une charrette de Juifs passa par-là, il les appela à son secours. Ils virent qu'il était affaibli. Il leur dit : « S'il vous plaît, je ne peux pas bouger si je n'ai pas mes tsitsit ! » Ils lui donnèrent donc des tsitsit qu’il mit aussitôt, et le ramenèrent en ville. Il avait vraiment fait don de soi pour cette mitsva. Il avait perdu son argent, mais il était fier d'avoir respecté à la lettre son engagement. Un jour, il apprit que son frère, Rav Ytshak, était très malade et qu’aux dires des médecins, il était sur le point de trépasser. Il s’empressa et prit la route pour rendre visite à son frère. Quand il arriva, il comprit que celui-ci était aux portes de la mort. Ses proches étaient déjà affairés aux formalités de l'enterrement. Il demanda à tout le monde de sortir, entra dans la chambre et dit à HKBH : « Maître du monde, j'ai pratiquement donné ma vie pour la mitsva que Tu nous as donnée. J'ai passé deux jours sans âme qui vive, dans de très difficiles conditions, j'ai donné tout mon argent pour cette mitsva. Je t’en supplie Hachem, prends cette mitsva et redonne la vie à mon frère. »
Le miracle se produisit immédiatement. Le malade commença à demander de l'eau. Et miraculeusement, il retrouva la vie et vécut encore de nombreuses années par le mérite de cette mitsva extraordinaire.