La Paracha Et Son Histoire: BERECHIT
- Or Torah | LDEJ

- 31 oct.
- 10 min de lecture
Barouh Hachem, nous avons démarré un nouveau concept de la paracha et son histoire pour chabbat. Ce feuillet merveilleux rempli de beaux dvar torah et d'histoire vous permettra d'embellir votre table de chabbat.
Premier Sujet : « Savoir identifier son Yetser Hara »
Hachem s’adresse à Adam (Béréchit 2 ; 16-17) et lui ordonne :
« …Mikol éts hagan akhol tokhél, oumeets hadat tov vera lo tokhal mimenou - De tout arbre du jardin, tu peux t’en nourrir, mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point. »
Notre interrogation première ici, est la suivante : Comment le serpent est-il parvenu à ses fins de convaincre Adam et Ḥava, créatures d’Hakadoch Baoukh Hou, produits de Ses Mains, de consommer de l'arbre interdit ?!!
Qu’est-ce qui a changé entre avant la faute et après la faute ?
Le Ramban et Rabénou Béhayé expliquent qu'avant la faute d'Adam Harichon, le bien et le mal n’existaient pas comme nous les connaissons, sous forme de désir de pratiquer le bien ou l’envie de faire le mal. Il s’agissait plutôt d’une incitation extérieure adressée à son intellect, vérité ou mensonge qui ne sauraient le tromper. Par contre, après la faute, la question du choix ne se posait plus en termes de mensonge et de vérité, mais de bien et de mal. Le Rav Haïm de Volozhin explique qu’à partir de là, les deux penchants s’intégrèrent en l'homme qui les ressent désormais comme faisant partie intégrante de sa volonté. C’est ce qui le conduit à ce désir de faire le bien ou le mal. Le résultat de cette métamorphose eut pour effet de bouleverser tout le travail de l’Homme en ce monde.
Comme l'explique Rav Dessler, la majeure partie de la mission du Yétser Hara consiste à fusionner avec l'homme et lui donner le sentiment de ne faire qu’une entité avec lui, donnant l’illusion que l’envie qu’il ressent de faire du mal lui est propre. Dès lors, ce dernier court le danger de se précipiter aveuglément vers le mal. En réalité, tout le travail de l’homme consiste à comprendre que ce n'est pas lui qui cherche, ni désire faire le mal. Son devoir est d’identifier cette incitation exclusive du Yétser Hara. En parvenant à faire cette distinction des choses, il lui sera bien plus aisé de mener cette lutte sans merci et de tous les instants, contre son Yétser Hara.
Comme l'explique le Ramḥal, la faute originelle a bouleversé tout le travail de l’homme. Avant la faute, Adam Harichon n’avait en tout et pour tout qu’une seule mitsva à accomplir. S’il était parvenu à surmonter l’épreuve, à opter pour la vérité et ne pas se laisser séduire, il aurait mérité la Rédemption parfaite et nous y aurions directement gagné le Monde Futur. En définitive, sa faute est à l’origine d’un très laborieux et long travail pour combattre ce trouble survenu et parvenir à cet état de pureté initiale.
Le serpent s’adressa à Hava et par la ruse, l’exhorta à fauter. Ainsi que l’expliquent le Sforno et Rabénou Béhayé, le serpent est venu, chevauché par Samaël, symbole de la force de l'imaginaire, pour faire imaginer que le mal est quelque chose de bien pour l'homme et ainsi le tromper. L’imaginaire laisse la porte grande ouverte au désir. C’est cette force qui fut utilisée pour faire tomber Adam et Ḥava. Ce mensonge, lié à l'imaginaire, permit au serpent de leurrer Adam et Hava en leur faisant croire que le mal serait en réalité quelque chose de particulièrement bien.
Ainsi que le dit le Or Hahaim Hakadoch, le serpent a dit à Adam et Hava : « Si vous mangez de tous les arbres, mais que vous ne goûtez pas de cet arbre-là, cela n’a aucune valeur. » Telle est la technique du Yétser Hara.
Il essaie de vendre à l'homme l’image du mal comme la chose la plus précieuse, en lui donnant ce sentiment que tout est sans valeur s'il lui manque l’interdit où il désire le conduire. En réalité, ce n'est que pure duperie de sa part.
En quoi consistait cette incitation du serpent ? Son propos fut le suivant : « Aujourd'hui, tu n'as pas de mérite particulier car tu ne connais pas vraiment le bien et le mal, tu ne le ressens pas, tu n'en as pas envie.
C’est pourquoi ton mérite est minime. Il te faut te contenter de procéder à des choix en vertu d’éléments extérieurs qui ne font pas partie de toi, qui ne te sont pas intimes. En revanche, si tu manges du fruit de l'arbre, ces choix vont t’appartenir car ils feront partie de ta personne. Du même coup, ils deviendront beaucoup plus compliqués, mais également plus personnels, et c’est ce qui te concédera des mérites d’autant plus grands. » C’est en cela que consista l'erreur fatale, car tout un chacun sait que l'on ne s'approche pas du danger pour clamer ensuite qu'on l'a évité. L’on doit savoir s'en éloigner et même le fuir au plus tôt. Dès lors que Adam et Ḥava prêtèrent oreille à ce discours, ils tombèrent dans les mailles de son filet.
Cela revient à dire qu’être capable d’identifier le Yétser Hara et comprendre que ce désir élaboré par notre imaginaire précisément, ne provient pas de nous, est notre force et notre garantie de réussite. C'est pour cela que la Guémara dans Berahot nous dit : « Léolam Yargiz Adam Yétser Tov al Yétser Ra - L'homme doit toujours stimuler le bon penchant contre le mauvais penchant ». Rachi dit : « Laassot ito milḥama - Il faut lui déclarer la guerre », et faire jouer le Yétser Tov en lui disant : « Ce n'est pas un ami qui vient me conseiller, c'est un ennemi ! » Il convient de le combattre ardemment.
Le Baal HaTanya ajoute qu'il faut justement invectiver le Yétser Hara de tous les noms que les Sages lui ont donnés dans la Guémara Souccah : Racha, Ménouval, etc. et lui dire : « Pourquoi viens-tu et veux- tu empêcher la lumière de Celui qui est sans limites, Baroukh Hou ? » Savoir l’exprimer, constitue la première manche du combat.
Le Ḥovot Halevavot écrit : « Sache que ton plus grand ennemi, c'est le Yétser Hara qui se mêle à tes forces naturelles, qui pénètre ton esprit. Si toi, tu dors, lui, ne sommeille pas. Si toi, tu l'oublies, lui, il ne t'oublie pas. Si tu le vaincs une fois, tu penses l’avoir gagné. Mais en réalité, il ne te laissera pas de répit et cherchera coûte que coûte à te vaincre, jusqu’à cent fois. » La force d'un homme est d’être en mesure d’identifier que le Yetser Hara est son plus grand ennemi et que ce n'est certes pas son ami. Celui qui a cette perception ne se laisse pas vaincre par son Yétser Hara.
Rav Israël Salanter écrit à ce sujet : « Comment distingue-t-on le Juste de l’Impie ? » Il est très difficile de l’évaluer en fonction des actions. Dans ce cas comment l’évaluer ? Le Rav Israël Salanter répond en ces termes : « Celui qui est en guerre contre son Yétser Hara, qui y emploie toutes ses forces pour gagner ce combat, est digne du titre de Juste. Peu importe s'il a succombé plusieurs fois, cela reste une personne qui va vaincre parce qu'il est sur le front de la guerre, car il a identifié son ennemi. » Le Racha en revanche, est celui qui n’a pas déclaré la guerre à son Yétser Hara. Dès qu'il éprouve une envie pour une chose, il se laisse aller à son désir.
Et comme l’écrit le Ḥazon Ich, il n'y a pas pire que se laisser mener par la vie comme elle nous conduit. La plus grande force d'un homme réside dans le fait de désirer prodiguer le bien, car cet élan pour le bien, ce désir, ne s'arrête jamais. Il va en augmentant, il grandit et conduit la personne à ses réussites personnelles. Et ainsi qu’il le dit, à l’inverse, la source de tous les mauvais traits de caractères se trouve en celui qui se laisse diriger par la vie au quotidien sans combattre ses pulsions. Un extrême orgueil et une colère fougueuse le guettent, la vie se chargera de l'y conduire. A contrario, celui en quête de bien, ne se laissera pas éconduire par les tendances naturelles, il les vaincra et gagnera les plus hauts sommets.
Récits illustratifs
Le sage conseil du vieux cocher
C'est l'histoire d'un homme qui ne parvenait pas à gagner sa vie. Après plusieurs tentatives infructueuses, on lui suggéra une opportunité : dans une ville voisine, un seul cocher, très âgé, assurait le service de transport. On lui proposa donc d'acheter des chevaux et une charrette pour s'installer à côté du vieil homme et, ainsi, trouver automatiquement une bonne source de revenus dans ce métier de cocher. Il se rendit dans cette ville, plein d'espoir, mais fut rapidement déçu. Toute la journée, les gens firent même la queue, mais aucun ne voulut trahir sa fidélité au vieux cocher. À la fin de la journée, constatant que ce n'était pas le bon endroit pour lui, il décida de partir. Cependant, avant de quitter la ville, il se rendit chez le vieux cocher et lui dit : «Excuse-moi, je suis désolé d'avoir voulu prendre ton travail.
Mais avant que je ne quitte l’endroit, pourrais-tu me donner quelques conseils sur ce métier, afin que j'essaie de m’installer ailleurs pour le pratiquer ? »
Le vieux cocher lui répondit : « Au contraire, si tu veux rester travailler ici, je suis prêt à partager mon travail avec toi. Je suis âgé, cela ne me dérange pas que tu t'installes à mes côtés, mais à condition que tu saches bien faire ton métier. Je vais te poser quelques questions, et si tu sais y répondre, alors je partagerai le travail avec toi. »
« D'accord, je suis prêt ! Quelles sont ces questions ? » demanda l'homme.
« Écoute bien. Imagine qu'un jour tu conduises des invités à un mariage, une très grande fête. Ils sont pressés d'arriver et toi, dans la précipitation, tu aperçois un chemin boueux que tu décides de traverser. Soudain, la charrette s'enfonce dans la boue et refuse de bouger. Que fais-tu ? »
« Je donne des coups de fouet au cheval pour qu'il avance », répondit l'homme.
« Et si cela ne marche pas ? » insista le vieux cocher.
« J'essaie d'amener un autre cheval pour l'aider. »
« Et si cela ne marche toujours pas ? »
« Je descends et je pousse moi-même. »
« Oui, mais imagine que les roues soient cassées, qu'elles se soient tordues dans la boue au point qu'on ne puisse plus les dégager, et que les invités soient de plus en plus pressés d'arriver. Que fais-tu alors ? »
L'homme réfléchit longuement, puis avoua : « Je suis désolé, je n'ai pas de réponse à ta question. Je ne sais pas ce que je pourrais faire dans une telle situation, sous la pression des gens et face à ces complications. Peux-tu me donner la réponse ? »
Le vieux cocher le regarda avec bienveillance et lui dit : « Je vais te donner la réponse. Un bon cocher n'entre pas dans la boue. Une fois qu'on y est enfoncé, il n'y a parfois plus de solution. Rappelle-toi que le bon cocher, lui, ne rentre jamais dans la boue.»
C'est là, toute la leçon. La personne qui veut réussir dans la vie, dans son Avodat Hachem, ne suit pas son Yétser Hara. Lorsque l'on s’en préserve, lorsqu'on lui déclare la guerre et que l’on s’acharne à mener ce combat, comme le dit Rachi, l’on s’écarte de tout risque, l’on se prémunit de tout danger.
Le chien rusé de Rome
Nos Sages racontent dans le Midrach, l'histoire d'un chien extraordinairement rusé qui vivait à Rome. Quelle était sa méthode ? Il pénétrait dans les pâtisseries et s'asseyait sagement, observant avec un air innocent. Lorsque le pâtissier apercevait cet animal apparemment inoffensif qui semblait l'admirer, il ne soupçonnait aucune malice et poursuivait tranquillement son travail. Mais soudainement, le chien se levait d'un bond, renversait tout l'étalage et créait un chaos absolu. Pendant que les gens se précipitaient pour ramasser et sauver ce qui était tombé, lui s'emparait d’un pain et prenait la fuite avec son butin. Le Midrach explique : « C'est exactement ainsi que procède le Yétser Hara. Au début, il se présente sous un jour tout à fait innocent, il ne montre pas qu'il veut nous attaquer, il se fait même notre ami. Mais après nous avoir fait plonger dans les difficultés, c'est là qu'il parvient à nous tromper comme il le souhaite, et il devient alors très difficile de s'en sortir. »
Le Noda Biyéhoudah et l'usurpateur
Un jour, un homme très fortuné part en voyage vers une grande ville, accompagné de son cocher. La nuit tombée, ils s'arrêtent pour dormir dans une auberge. Ils retirent leurs vêtements, enfilent leurs habits de nuit et s'endorment.
Au matin, le riche se réveille et découvre avec stupéfaction que le cocher est vêtu de ses propres habits. « Mais que fais-tu avec mes vêtements ? » s'exclame-t-il. Le cocher lui répond avec aplomb : « Écoute bien : c'est moi le riche, et c'est toi le cocher. Habille-toi vite et partons ! » Le riche s'emporte, mais au fur et à mesure, il réalise qu'il est tombé entre les mains d'un individu particulièrement rusé. Il ne sait comment s'en sortir : l'autre contrôle la charrette et toute la marchandise. Ils progressent vers la ville de Prague et se rendent chez le Noda Biyéhoudah. Le Noda Biyéhoudah comprend immédiatement la problématique. Il leur dit : « Aujourd'hui, je ne peux vous aider. Revenez demain matin. » Le lendemain, ils arrivent à huit heures. Le Rav demande à son assistant : « Fais-les attendre plusieurs heures, jusqu'à ce qu'ils se dessèchent sur leur chaise. Alors je trouverai la solution.» L’assistant s'exécute. Une heure passe, puis deux, trois, quatre heures. Ils n'en peuvent plus. À chaque demande,on leur répond qu'il y a des cas urgents. Le temps s'écoule. Ils finissent par somnoler sur leur table. C'est alors que le Rav ouvre la porte et déclare : « Que le cocher entre ! » Et là, le cocher, bien qu'habillé des vêtements du riche, se lève instinctivement. Avant même qu'il ne réalise son erreur, le Rav lui lance : « C'est toi le voleur ! » Il se met à le réprimander sévèrement, à le punir, et rend au riche ses vêtements ainsi que tout ce qui lui appartient.
La leçon est profonde : le cocher était cocher dans son essence même. Lorsqu'on l'a appelé par ce titre, il n'a pas compris qu'on était en train de le piéger. De même, celui qui sait véritablement qu'il est un Juste, qu'il possède une âme noble, ne se laisse pas tromper par le Yétser Hara qu


