La Paracha Et Son Histoire: VAYECHEV
- Or Torah | LDEJ

- il y a 4 jours
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Barouh Hachem, nous avons démarré un nouveau concept de la paracha et son histoire pour chabbat. Ce feuillet merveilleux rempli de beaux dvar torah et d'histoire vous permettra d'embellir votre table de chabbat.
Hichtadlout et bitahon
Yossef Hatsadik, dans cette paracha, est le modèle même de l’Émouna et du Bittahon, même au cœur des situations les plus pénibles et les plus difficiles. À la fin de la paracha, on le voit emprisonné, accusé injustement par la femme de son maître parce qu’il avait refusé de fauter avec elle. Il est resté ainsi dix ans en prison. Juste avant sa délivrance, il demande au maître échanson de rappeler son cas devant Paro. Il lui dit « Ouzkartani », et répète même deux fois « Ouzkartani ».
Nos Sages enseignent que, pour cette répétition, il fut puni et dut rester encore deux années supplémentaires en prison. La question est donc : pourquoi ? En effet, même lorsque l’on doit avoir un Bittahon total en Hachem, on a malgré tout le droit – et même le devoir – de faire une Hishtadlout, d’agir, afin que la Brakha puisse venir sur ce que l’on entreprend. La Hishtadlout est un principe essentiel.
Rabénou Békhayé explique que ce reproche ne concernait que le niveau spirituel exceptionnel de Yossef Hatsadik. À un niveau de Emouna et de Bittahon aussi élevé que le sien, il n’aurait pas dû recourir à une Hishtadlout personnelle. C’est à partir de là que l’on comprend l’extraordinaire grandeur du Bittahon de Yossef HaTzadik.
Le premier point révélateur de ce niveau est ce qui est écrit dans le verset : « Vayehi Hachem et Yossef, vayehi ich matzlia’h » – Hachem était avec Yossef, et Yossef réussissait dans tout ce qu’il faisait. Un autre verset rapporte que son maître voyait clairement que tout ce qu’il entreprenait était couronné de réussite par la main d’Hachem. Cette atslaha exceptionnelle poussa son maître à lui confier toute sa maison et tous ses biens, tellement il constatait la grandeur de sa réussite.
Rachi explique que cette réussite venait du fait que le Nom d’Hachem était constamment dans sa bouche : à chaque parole, il disait « Bé’ezrat Hachem », « Im Yirtze Hachem ». Le Midrash Tan’houma ajoute qu’avant même de servir son maître, il faisait une téfila en disant : « Ata hou Riboni, ata hou patroni » – c’est Toi mon Maître, c’est Toi mon Patron. Et il priait : « Yehi ratzon ché’emtsa ‘hen bé’ené Potiphar adoni » – que je trouve grâce aux yeux de Potiphar, mon maître.
Grâce à cela, précise le Midrash, tout ce qu’il faisait réussissait. Au point que si son maître réclamait soudain de l’eau chaude, l’eau devenait chaude ; s’il voulait de l’eau froide, l’eau devenait froide. Tout ce qu’il touchait était réussi, car Hachem Matzlia’h Béyado, du fait de son Émouna et de son Bittahon absolument exceptionnels.
C est pour cela qu’on lui a reproché d’avoir fait trop de ichtadlout.
On constate que Yossef, lorsqu’il se trouvait en prison, demande aux deux ministres de Paro pourquoi ils affichent un visage en colère. C’est justement à ce moment-là qu’ils lui racontent leurs rêves. Car pour Yossef, le fait d’être en prison ne signifie pas qu’on doit être en colère ou abattu ; au contraire, partout où il se trouvait, il conservait toujours sa sim’ha.
Dans les parachiot suivantes, on voit clairement qu’il n’en voulait absolument pas à ses frères. Même lorsque ceux-ci ont insisté en lui demandant : « Tu vas sûrement vouloir te venger de nous », il leur a répondu de manière explicite : « Pas du tout, ce n’est pas vous qui m’avez vendu, ce n’est pas de votre faute. »
En réalité, Yossef HaTsadik possédait une émouna totale : il savait que tout ce qui lui arrivait venait de Min Hashamayim et que ce n’était nullement la faute de ses frères. Il avait compris que c’est Hachem Lui-même qui l’avait placé dans cette situation.
En fonction du niveau de bitachon d’une personne envers Hachem, la hishtadlout doit être plus ou moins réduite. Il n’existe pas de règle précise indiquant quelle quantité de hishtadlout il faut fournir dans chaque situation ; la hishtadlout dépend de ce que l’on a l’habitude de faire dans ce type de cas. Cependant, plus une personne possède un niveau élevé de bitachon, moins sa hishtadlout doit prendre de place.
On observe cela chez les explorateurs : selon le Na’hmanide, il était tout à fait normal, et même un devoir, d’explorer la terre avant de mener une guerre. Yéhochoua lui-même fera plus tard la même chose en envoyant des explorateurs. Toutefois, après que les Bné Israël aient été comblés de miracles, vivant sous les nuées de gloire et nourris par la manne, ce comportement n’était plus approprié, car eux auraient dû ressentir davantage la main d’Hachem dans leur situation.
De là, on apprend que la hishtadlout n’est qu’un devoir secondaire : elle ne doit jamais prendre la place de la confiance et de l’espérance en Hachem. L’espoir doit rester entièrement dirigé vers Hachem, et la hishtadlout ne doit jouer qu’un rôle secondaire. Lorsqu’elle commence à prendre une place trop importante, cela devient déjà problématique.
Il existe une autre explication, celle du ‘Hazon Ich : il explique qu’en réalité, il n’y avait aucune raison de compter sur le maître-échanson. Le Midrash appelle cet homme « Rehavim », c’est-à-dire quelqu’un de peu fiable. Ainsi, la demande de Yossef envers lui était teintée d’un certain désespoir, car ce n’était pas une personne sur laquelle on pouvait raisonnablement compter. Or lorsqu’un homme accomplit un acte qui reflète le désespoir, cela constitue un manque de bitachon envers Hachem. C’est pour cette raison que Yossef fut puni.
L’épreuve avec la femme de potiphar - la vision du futur
Yossef a traversé une épreuve d’une intensité exceptionnelle avec la femme de Potiphar, qui a tout fait pour le faire fauter. Selon un avis, elle a même presque réussi. C’est à ce moment-là qu’il a vu l’image de son père, qui lui dit : « Tes frères seront gravés sur le pectoral du Cohen Gadol, et toi, tu te trouverais dans une situation de mœurs extrêmement basse ? » Grâce à cela, Yosef a trouvé la force de surmonter cette tentation.
Quelle était justement cette force ? D’où puisait-il une telle capacité intérieure ? On voit que Yosef est appelé ‘Hakham « ein hakham venavon kamoha ». Et un ‘Hakham, expliquent nos Sages, est celui qui voit le futur. Le Maharal de Prague écrit que le roi Salomon compare le yetser hara à un « roi vieux et insensé », tandis que le yetser hatov est comparé à un « enfant, jeune mais intelligent ».
Pourquoi ces comparaisons ? Parce que la sagesse authentique consiste à voir l’avenir. Le yetser hara, même s’il est « vieux » — doté d’expérience, connaissant l’homme depuis la création — ne sait nous montrer que le présent immédiat, uniquement ce qui nous attire maintenant.
Comme il ne sait pas considérer le futur, on l’appelle ksil, un insensé. Le yetser hatov, lui, même s’il apparaît faible ou jeune, a la capacité de nous projeter vers l’avenir, et c’est cela la véritable sagesse.
Yossef HaTsadik possédait précisément cette force : voir l’intériorité des choses, la profondeur, le futur. Cette qualité, il l’avait héritée de sa mère, Ra’hel. Lorsqu’elle voyait que Lavan prenait les cadeaux que Yaakov lui envoyait et les donnait à Léa, elle a su voir plus loin ; elle a dit : « Si je me plains maintenant, je risque de perdre Yaakov. » Elle a donc choisi d’agir avec recul, allant jusqu’à donner ses signes à sa sœur.
Yosef lui-même, lorsqu’il s’est trouvé devant Essav, a immédiatement pensé plus loin. Il n’a pas été paralysé par la crainte ; il s’est dit : « Je ne veux pas qu’Essav regarde ma mère et veuille la prendre. » Alors il s’est prosterné devant elle d’une manière qui empêchait Essav de la remarquer. Grâce à cela, il a mérité la berakha d’« Aleï ‘Aïn », d’être placé sous l’œil protecteur.
En Égypte, c’est encore cette même vision intérieure qui l’a sauvé. Le Midrash compare l’histoire de Yosef à l’histoire d’ un ours entrant dans un marché, recouvert de bijoux et de pierres précieuses. Tous se précipient pour essayer de combattre l’ours et s’emparer des pierres. Seul le sage du marché plie calmement ses affaires et s’enfuit. Lorsqu’on lui demande pourquoi il s’enfuit, il répond : « Je ne regarde pas les diamants posés sur l’ours ; je vois les dents prêtes à me déchirer. »
C’était exactement l’attitude de Yosef HaTsadik. Il voyait au-delà du plaisir apparent de la faute. Il disait : « Je ne vois pas le plaisir immédiat ; je vois ce que cela impliquerait pour l’Olam Haba. » Comme dit Rachi : Lo ratza lihyot ima — « Il ne voulut pas être avec elle dans le Monde futur. »
Cette capacité de voir le futur, de percevoir la profondeur des choses — qui est l’essence de la pnimiyout et le symbole de la Séfira de Yesod — c’est ce qui a donné à Yosef la force de résister à la faute. C’est la force du sage, la force de Yosef, et c’est elle qui nous permet, nous aussi, de surmonter les épreuves.
La vente de Yossef - Tout est décrété d’en haut
Yossef a été envoyé par son père pour aller voir ses frères. Comment se fait-il que ni Yaakov ni Yosef n’aient craint le mal que les frères pouvaient lui faire ? Or, comme la suite l’a montré, ils ont d’abord voulu le condamner à mort, puis ont remplacé cette condamnation par la vente. Comment des hommes aussi sages n’ont-ils pas appréhendé un tel danger ?
Le verset dit qu’il fut envoyé « des profondeurs de ‘Hevron ». Nos Sages expliquent : cela renvoie à la pensée profonde qu’Hachem révéla aux sages de ‘Hevron, à Avraham Avinu lui-même. En réalité, tout le déroulement de la vente de Yosef HaTsadik — comme le rapporte le Midrash — était une immense bonté d’Akadosh Baroukh Hou. Les Bné Israël devaient descendre en exil. Et, dit le Midrash, plutôt que de faire descendre Yaakov en Égypte enchaîné de fers, Hachem voulut qu’il descende dans un contexte de grandeur, accueillis avec honneur parce que son fils serait devenu roi. Pour cela, les événements devaient nécessairement se dérouler selon une suite de moyens et de circonstances précises.
L’épisode suivant nous montre que rien n’aurait pu empêcher ce qui devait arriver. Lorsque Yosef partit, il rencontra un homme qui lui demanda ce qu’il cherchait, et Yosef répondit : « Ce sont mes frères. » L’homme lui dit : « Ils sont partis à Dotan. » Le Na’hmanide explique que cet homme était l’ange Gabriel, venu lui faire allusion que « tes frères sont partis chercher des ruses pour te capturer ». Et si c’était l’ange Gabriel qui l’avertissait, pourquoi cela n’a-t-il servi à rien ?
Le Ramban répond : c’est pour nous enseigner que lorsqu’un décret divin a été décidé, il se réalisera jusqu’au bout, et les efforts de l’homme ne peuvent rien contre la gezerah d’Hachem. C’est pour transmettre ce message que la Torah ajoute cet épisode.
Cela signifie, comme l’explique le Hovot HaLevavot, que du Ciel tout se déroule par des sibot — des causes, des moyens — mais celui qui comprend la profondeur du bitahon sait que la cause n’a aucune force en elle-même. De la même manière qu’un grain de blé, pourtant si faible, peut donner des centaines ou des milliers d’épis, ou qu’une minuscule goutte peut donner naissance à un animal complet : il est impossible que la cause matérielle soit réellement responsable du résultat. La cause n’est que l’habillage extérieur par lequel la volonté d’Hachem s’accomplit. En vérité, il ne faut accorder aux sibot aucune importance réelle face à ce qui se déroule réellement dans le monde.
C’est un message fondamental. C’est pourquoi, avant même de raconter l’histoire de Yosef, la Torah veut nous faire comprendre que tout ce qui s’est passé n’était que des faits visibles sur le terrain, mais qu’en profondeur, tout était dirigé uniquement par la volonté d’Hachem. Ce n’est qu’à la fin de l’histoire que l’on comprend que tout était pour le bien. Au début, cela reste incompréhensible. Comme dit l’Agmara : dans ce monde, nous faisons HaTov VeHaMetiv sur les événements heureux et Dayan HaEmet sur les événements douloureux ; mais dans le monde futur, nous ne ferons plus que HaTov VeHaMetiv, car nous comprendrons qu’en réalité, tout était pour le bien.
C’est exactement ce que la Torah veut nous enseigner : personne n’aurait pu éviter cette situation. Même l’ange venu pour l’en avertir n’a pas pu empêcher le décret. Et personne n’a rien compris sur le moment. Lorsqu’un homme voit des événements douloureux se dérouler, et qu’il regrette, qu’il s’en veut, il doit savoir que tout est Min HaShamayim.
On voit aussi que Yossef, au lieu d’être pris par des caravanes classiques, fut vendu à des marchands arabes, des Ishmaélites. Rachi demande : comment se fait-il que ces Ishmaélites transportaient des parfums, alors qu’ils transportent d’ordinaire du goudron et du pétrole ? Rachi répond : c’était pour que ce Tsadik ne sente pas une mauvaise odeur. Et la question bien connue se pose : qu’importe l’odeur, si Yosef est arraché à son père et vendu comme esclave ? Qu’est-ce que cela change ?
On explique cela par une parabole : un enfant devait subir une opération et était pris de peur. En entrant dans la salle d’opération, on le sépara de sa mère. Il s’est mis à crier, se sentant seul. Puis, à travers une petite fenêtre, sa mère lui fit un signe de la main, et cela le calma : il comprit qu’elle était là, proche de lui. De la même manière, on dit à Yosef HaTsadik : ces parfums sont un signe pour te montrer qu’Hachem est avec toi. Même si l’épreuve est immense, ce n’est qu’un déroulement de Sa volonté.
La force du bitahon, c’est de comprendre que tout vient d’Hachem, et que l’on ne doit jamais attribuer la réussite ou les difficultés aux sibot, ces moyens matériels qui ne sont que des instruments de la Providence.
C’est le message qu’Hachem voulait transmettre aux tribus : ils ont fini par comprendre, à la fin de l’histoire, que leurs efforts pour refuser la royauté de Yosef n’avaient servi à rien. Yosef avait un rôle à transmettre, et c’est la volonté d’Hachem qui a décidé. Tous les moyens qu’ils ont mis en place pour se débarrasser de lui — pour l’empêcher d’être roi, pour éviter d’avoir à se prosterner devant lui — les ont finalement conduits précisément à se prosterner devant lui.
De là, dit le Seforno, on apprend qu’il ne sert à rien d’aller contre la volonté d’Hachem. Car finalement, elle s’accomplira, que ce soit avec notre accord ou contre notre gré. Alors que si l’on accepte Sa volonté et qu’on l’accomplit de bon gré, on gagne sur tous les plans.
HISTOIRES
Une histoire incroyable de Providence divine
Le Rav Rubinstein venait tout juste de reprendre une ancienne synagogue dans le Bronx, aux États-Unis. Il voulait lui redonner vie : il la rénova, l’embellit, et espérait qu’à l’approche de Pourim, il pourrait attirer un maximum de Juifs du quartier, leur faire connaître la synagogue et les rapprocher de la Torah.
Mais quelques jours avant la fête, une pluie torrentielle s’abattit sur la ville. L’eau s’infiltra dans un des murs de la synagogue et laissa une immense tache. Le rav était désespéré : impossible de refaire des travaux à temps.
En sortant, inquiet et déçu, il passe devant un petit marché d’antiquaires installé dans la rue. Son regard tombe soudain sur une parohet, un rideau d’Arche Sainte, magnifique, décoré d’un superbe Magen David, et brodé des trois lettres G-B-E.
Il se dit : « Voilà, c’est parfait ! Je pourrais couvrir le mur abîmé. Et sûrement que ce rideau ne coûte pas cher… »
Il l’achète immédiatement, la rapporte à la synagogue, l’accroche… et cela couvre exactement la tache. Il est soulagé et ravi.
En quittant la synagogue, il remarque à la station de bus une femme âgée, transie de froid. Elle vient de rater son bus, et le prochain n’arrivera que dans deux heures. Il lui propose gentiment de venir se réchauffer dans la synagogue. Elle accepte, entre, regarde autour… Et soudain, en voyant la parohet, elle s’évanouit. Le Rav affolé lui apporte de l’eau, l’aide à reprendre ses esprits. Lorsqu’elle se réveille, elle murmure, bouleversée : « Cette parohet… Je l’ai faite moi-même, en l’honneur de mon mari, quand nous étions encore en Pologne. Les trois lettres, G-B-E, ce sont les initiales abrégées de son nom. Comment est-ce possible que je retrouve ce rideau ici ?… »
Le Rav comprend qu’il se passe quelque chose d’extraordinaire. A cause des intempéries il n’y avait pas de bus, et comme la nuit n’était pas encore tombée et qu’il n’y avait pas de problème de i’houd, il lui propose de la reconduire chez elle. Elle monte à l’arrière, et le Rav la raccompagne.
Quelques jours plus tard, c’est Pourim. Grâce à ses efforts, la synagogue se remplit, des dizaines de nouvelles personnes viennent. Au milieu de la foule, un homme entre. Il lève les yeux, voit la parohet…Et il s’évanouit lui aussi. On le relève, on lui donne à boire, et il explique avec émotion : « Cette parohet… C’est ma femme qui me l’avait offerte, avant la Shoah. Je l’avais donnée à notre synagogue en Pologne. Voici mes initiales brodées dessus… C’est un morceau de ma vie d’avant. »
Le Rav comprend immédiatement : cet homme est le mari de la femme qu’il a raccompagnée quelques jours plus tôt.
Chacun croyait l’autre disparu dans l’horreur de la Shoah. Ils avaient été séparés, perdus, arrachés l’un à l’autre.
Après Pourim, le Rav emmena discrètement cet homme à l’adresse de la femme — adresse qu’il avait puisqu’il l’avait raccompagnée. Avec délicatesse, il prépara la rencontre. Et ce jour-là, ils se retrouvèrent, après des décennies de séparation. Ils vécurent ensuite le reste de leur vie ensemble.
Par un simple rideau, une vieille parohet oubliée dans un marché d’antiquaires, Hashem a relié des mondes que tout semblait avoir définitivement éloignés.
Ce que nous appelons siba, « la cause », n’a aucune limite. Hashem peut utiliser le plus petit détail pour accomplir les plus grands miracles.
Il n’y a jamais de hasard. Il y a une Providence discrète, précise, qui guide chaque pas.
L'histoire du Yetser Hara et de la lumière du futur
Un jour, Rabbi Akiva sortit se promener avec ses élèves. Ils marchaient dans les collines, parlant de Torah et de crainte du Ciel, lorsqu’ils aperçurent au loin un homme chevauchant un cheval. Rien de particulier… sauf une lumière éclatante qui brillait au-dessus de sa tête, comme une couronne invisible mais bien réelle.
Les élèves s’arrêtèrent, stupéfaits.
Rabbi Akiva leur dit :
— Venez. Cette lumière ne vient pas sans raison. Allons lui parler.
Ils s'approchèrent et demandèrent à l’homme :
— Dis-nous, qu’as-tu étudié ? Le Houmach ? La Michna ? La Guemara ?
L’homme secoua la tête :
— Rien du tout. De ma vie, je n’ai jamais ouvert un livre de Torah.
Les élèves se regardèrent, bouleversés. Comment un homme ignorant pouvait-il porter une lumière si pure, visible même aux yeux de Rabbi Akiva ?
Rabbi Akiva insista :
— Alors dis-nous : sais-tu d’où vient cette lumière ?
L’homme hésita, puis répondit lentement :
— Peut-être… peut-être que cela vient de l’épreuve que j’ai surmontée.
Rabbi Akiva, intrigué, l’encouragea à raconter. L’homme expliqua qu’il avait fortement désiré une femme qui lui était strictement interdite. Son yetser hara le poursuivait jour et nuit. Il avait tout fait pour l’obtenir, jusqu’à perdre presque la raison. Un jour, cette femme fut emprisonnée, et son mari n’avait pas les moyens de payer sa libération.
Alors lui, animé par son désir, paya toute la somme pour qu’elle puisse sortir. Lorsqu’elle fut libérée, elle se sentit redevable. Elle n’osait plus lui refuser quoi que ce soit. Tout aurait pu basculer. Tout semblait l’y pousser. Le yetser hara avait l’air d’avoir gagné. Mais juste avant que l’irréparable n’arrive, la femme lui dit calmement :
— Regarde ce que tu es en train de faire. Pour un instant de plaisir… tu es prêt à perdre ton éternité ?
— Pour un moment passager… tu veux abandonner ton monde futur ?
Ces mots l’ont transpercé comme une flèche. Il raconta :
— Quand j’ai entendu cela, j’ai vu devant moi mon futur. J’ai vu ce que j’étais sur le point de détruire… J’ai senti que ma vie se jouait en une seconde. Alors je me suis levé, j’ai dit : “Je t’oublie. Je ne fauterai pas.” Et je suis parti.
En entendant l’histoire, Rabbi Akiva leva les yeux au ciel et dit à ses élèves :
— Voyez ! Une épreuve comme celle de Yosef HaTzadik !
Celui qui domine son yetser hara à un moment pareil illumine le monde.
Puis Rabbi Akiva se tourna vers l’homme :
— C’est pour cela que la lumière te suit. C’est la lumière de ton futur, de ton olam haba, qui rayonne déjà dans ce monde.
Rabbi Akiva le prit auprès de lui, l’enseigna, et l’homme devint plus tard un immense Talmid ‘Hakham, connu sous le nom de Natan Tsoutsita.
L’histoire de Palti ben Laïch
Après que David a remporté la victoire contre les Philistins, le roi Shaoul lui a donné sa fille Mikhal en mariage, comme il l’avait promis. Mais plus tard, par jalousie et haine contre David, Shaoul a décidé de lui retirer Mikhal. Il a fait un raisonnement tordu, affirmant que le mariage n’était pas encore valable, et il a donné Mikhal de force à un autre homme : Palti ben Laïch. Et là se passe quelque chose d’incroyable.
Les Sages disent que Palti ben Laïch a montré une maîtrise de soi et une pureté encore plus grandes que Yosef HaTzadik.
Car bien que Mikhal vive désormais dans sa maison, il savait qu’elle était réellement la femme de David, et il s’est complètement retenu de toucher à quelqu’un qui n’était pas destinée à lui.
Pour ne jamais franchir la limite, il a même planté une épée entre son lit et celui de Mikhal.
Les Sages disent qu’il disait :
“Celui qui touche cette femme, c’est comme s’il touchait l’épée du roi !”
Autrement dit : Je préfère mourir plutôt que de fauter.
Pendant des années, il a gardé cette sainteté.
Quand David est devenu roi, il a demandé que Mikhal lui soit rendue.
Palti a accompagné Mikhal en pleurant jusqu'à la route, non pas parce qu’il perdait une femme — car elle n’avait jamais été à lui — mais parce qu’il quittait la kedoucha (sainteté) et la récompense spirituelle qu’il avait eue en se maîtrisant avec une telle noblesse.
Les anges eux-mêmes, disent certains commentateurs, ont pleuré avec lui.
L’histoire du Rav Avraham Ozer Grodzinski
Le Rav Avraham Ozer Grodzinski, un des plus grands maîtres de Lituanie avant la Shoah, tomba un jour malade. Les médecins lui ordonnèrent d’aller faire une longue cure dans une ville appelée Karsblond.
Il comptait revenir à Vilna avant les fêtes de Roch Hachana et Yom Kippour, car toute sa communauté l’attendait.
Mais sa santé ne le lui permit pas : il dut rester là-bas, loin de tous, et cela lui causa une très grande peine.
Un jour, en allant prier à la synagogue locale, il rencontra un homme fraîchement arrivé des États-Unis.
Le Rav lui demanda pourquoi il était venu si loin. L’homme répondit :
« Mon frère est décédé et il a laissé une veuve avec de jeunes enfants. Pour ne pas qu’elle épouse un étranger, j’ai décidé de me marier avec elle, puisqu’elle est de la famille. »
En entendant cela, le Rav se mit à trembler : Il lui dit que c’est l’un des interdits les plus graves de la Torah, car une belle-sœur, en dehors du cas particulier du yiboum, est strictement interdite.
Mais l’homme refusait d’écouter : « Non, j’ai le droit ! Ce n’est pas une faute ! »
Le Rav insista, lui parla des versets, des lois, de la gravité. Rien à faire.
Finalement, l’homme dit : « Écoute : si le Rav de Vilna lui-même venait ici et me disait que c’est interdit, alors j’accepterais. »
Le Rav Ozer le regarda et répondit calmement : « Sache que je suis le Rav de Vilna. Et je te dis, sans aucun doute : ce mariage t’est totalement interdit. »
À ces mots, l’homme blêmit, comprit, et accepta immédiatement d’annuler ce projet.
À ce moment-là, Rav Grodzinski dit : « Maintenant, je comprends pourquoi du Ciel on m’a empêché de rentrer pour les fêtes… J’ai été envoyé ici pour sauver un Juif d’une faute extrêmement grave. Toute cette souffrance, tout ce détour… c’était une mission divine. »
Les chiens, le nazi… et la main d’Hachem
Pendant la Shoah, une jeune fille juive fut déportée dans un des trains de la mort. Au milieu du trajet, elle réussit miraculeusement à sauter du train et à s’enfuir en courant à travers les champs.
En cherchant désespérément un refuge, elle aperçut une grande et belle maison. Elle se précipita vers le jardin, suivit le petit chemin et frappa à la porte. À sa stupéfaction, c’est un officier nazi SS qui ouvrit – pas n’importe lequel, le chef des SS de la ville. En la voyant, il la nargua : « Bravo, tu t’es sauvée pour venir directement chez moi!
Dans quelques minutes, je prendrai mon revolver et je m’occuperai de toi. » Puis, tout à coup, il s’arrêta et lui demanda : « Attends… comment es-tu entrée ici ? » Elle répondit simplement : « Par la porte, en suivant le petit chemin du jardin. » L’officier se figea :
« C’est impossible. Dans ce jardin, il y a deux chiens, Rottler et Amsteth, parmi les races les plus dangereuses.
Ils dévoraient littéralement quiconque approchait du terrain. Comment as-tu traversé vivante ? Il y a ici quelque chose d’incroyable… Je crois que tu as une surveillance du ciel. » Il continua : « Je vais te laisser passer la nuit ici.
Demain matin, tu referas exactement le même trajet. Si tu arrives à traverser le jardin et revenir jusqu’à la porte sans que les chiens ne te touchent, alors je te sauverai et je te cacherai pendant toute la guerre. Je te le promets. »
Toute la nuit, la jeune fille resta éveillée, en larmes, priant Hachem. Elle avait vu les chiens derrière la maison : leur taille, leur agressivité, tout inspirait la terreur. Elle savait que, normalement, sa traversée le lendemain signifiait la mort. Le matin venu, l’officier nazi et tous ses enfants se mirent aux fenêtres pour regarder la scène : ils étaient convaincus qu’elle serait dévorée. La jeune fille sortit, rassembla toute sa Emouna, traversa le jardin… et revint sans qu’un seul chien ne la touche. Les animaux étaient restés totalement immobiles. Le chef SS déclara alors :
« Tu es vraiment protégée du ciel. Je ne peux pas te faire de mal. Je tiendrai ma promesse. » Et effectivement, il la protégea et la cacha pendant toute la durée de la guerre, un cas rarissime où une jeune femme juive fut préservée par un officier nazi. Après la guerre, elle monta en Israël et se maria avec Rav ‘Haïm Serna, Roch Yéchiva de Hevron.
Elle raconta plus tard son histoire, témoignant comment elle avait été sauvée, et montrant de manière éclatante combien la Ashgaha Pratit, la Providence divine, peut accomplir l’impossible : les chiens les plus féroces deviennent silencieux, et même un nazi peut devenir un instrument involontaire du salut d’une âme juive.
Chabbat Shalom !


